Blog

RSS feed

Des patrons, pas des travailleurs sociaux

Posted on 07/13/2020

La crise de la COVID-19 a obligé plusieurs patrons avec qui je travaille à accorder une attention particulière à la santé mentale de leurs employés. Cela a accentué une tendance qui était déjà bien amorcée : on s’attend de plus en plus à ce que les gestionnaires puissent intervenir pour soutenir les employés face à des difficultés personnelles. La grande majorité des patrons souhaitent bien sûr aider au mieux de leurs capacités, mais ne savent pas toujours comment s’y prendre et manquent souvent d’outils pour cela, sans compter que cette attente s’ajoute à une description de tâches déjà bien remplie. Klodiana Lanah et Remy Jennings de l’Université de la Floride ont publié une étude dans Journal of Applied Psychology qui documente l’impact sur les patrons des efforts qu’ils investissent à soutenir leurs collaborateurs par rapport à des problèmes personnels.

Les chercheurs ont obtenu la collaboration de 43 cadres américains qui participaient à un programme de maîtrise en administration des affaires. Pendant 15 jours ouvrables ils répondaient à des questionnaires quotidiens sur l’aide qu’ils offraient à leurs employés par rapport à leurs tâches et leurs problèmes personnels, ainsi que sur l’évaluation qu’ils faisaient de leur expérience. Un certain nombre de leurs collaborateurs évaluaient aussi ce qu’ils remarquaient de leur patron.

Ils ont trouvé que plus les patrons rapportaient aider des employés par rapport à des problèmes personnels, plus ils vivaient des émotions négatives dans leur travail. Cet effet était plus prononcé lorsque les patrons devaient le même jour soutenir des employés par rapport à des problèmes liés à la tâche, probablement parce qu’ils disposaient alors de moins de temps. Les gestionnaires expérimentés étaient moins affectés que ceux qui avaient moins d’expérience, et l’effet négatif était moins prononcé quand les gestionnaires sentaient que leur intervention avait eu un impact positif. Les employés observaient par ailleurs que les gestionnaires étaient davantage engagés envers leur travail les jours où ils offraient un soutien par rapport à la tâche et moins les jours où ils offraient un soutien par rapport à des enjeux personnels.

Ces résultats laissent penser que les gestionnaires trouvent difficile de s’adapter à ces nouvelles demandes qui prennent de plus en plus de place dans leur travail. Je crois que les directions des ressources humaines sont conscientes que le travail des patrons devient de plus en plus exigeant. Si on veut qu’ils puissent garder un équilibre personnel à long terme, les gestionnaires ont eux aussi besoin qu’on les soutienne.

Comments