Peu de techniques psychologiques ont connu autant de succès que la fixation d’objectifs. Les objectifs de performance sont un moyen si normal pour améliorer les résultats qu’on ne se pose pratiquement plus de questions sur leur existence dans les organisations. Pourtant, Welsh, Bush, Thiel et Bonner ont publié un article dans Organizational Behavior and Human Decision Processes qui montre que la technique a aussi des impacts indésirables.
Ils ont mené quatre études où ils ont fixé différents types d’objectifs, avec des degrés de difficulté variables, à des participants. Dans tous les cas les participants rapportaient eux-mêmes leur performance, si bien qu’ils avaient la possibilité de tricher. Ils ont trouvé que les objectifs de performance amenaient les participants à chercher à se protéger contre une mauvaise performance et, conséquemment, qu'ils avaient tendance à tricher davantage. Cet effet est plus important à mesure que les objectifs deviennent plus exigeants. Ils n’ont pas trouvé cet impact pour les objectifs qui sont formulés au niveau des apprentissages (par exemple, on s’attend à ce que vous résolviez un certain nombre d’équations parce que cela va vous permettre de vous améliorer en mathématiques), tout en ayant le même impact positif sur la performance des participants.
On a souvent parlé de la perte de confiance du public face aux dirigeants des organisations en raison des scandales qu’on leur a attribué. Pourtant, on ne se questionne pas sur le bien fondé de fixer des objectifs de performance toujours plus élevés. Cette recherche pose la question : y a-t-il un lien entre les deux? Dans tous les cas, les départements des ressources humaines veulent peut-être revoir la manière de fixer les objectifs des travailleurs pour mettre moins l’accent sur la performance, et davantage sur leur développement. Contrairement à ce qu’on pourrait en penser, les résultats n’en souffriront peut-être pas.
Comments