Si un mafioso va à la messe à tous les dimanches, c’est probablement davantage pour conserver une apparence de légitimité que pour réfléchir à ses péchés. MacLean et Behnam (2011) posent une question similaire aux entreprises : que se passe-t-il lorsque les codes d’éthiques et autres programmes de conformité ne sont qu’une façade qui sert à donner une bonne image?
Dans une étude de cas publiée dans Academy of Management Journal, ils documentent une compagnie d’assurance américaine qui, malgré un code de conformité, a été l’objet de plaintes à la fin des années 1990 pour des pratiques de vente non-éthiques. À partir des documents et d’entrevues avec les acteurs de l’époque, ils cherchent à expliquer comment les employés se justifiaient de violer les politiques officielles de l’entreprise.
Ils ont identifié quatre étapes. La première est un découplage des politiques de conformité avec la réalité de l’entreprise. Celles-ci ne servaient qu’à gérer les organismes de règlementation et les communications, mais avaient de moins en moins de liens avec les activités réelles. À la deuxième étape, les acteurs internes de l’entreprise se sont rendu compte que les politiques manquaient de légitimité à l’interne et n’étaient qu’un discours qui visait l’extérieur. Cela a amené à la troisième étape, la marginalisation du programme de conformité qui a institutionnalisé les comportements déviants. Il était devenu normal d’utiliser les failles du système à son avantage. Finalement, le scandale a éclaté et les organismes de régulation se sont rendu compte qu’ils étaient bernés.
Pour prévenir ces problèmes, les auteurs recommandent de mieux intégrer les programmes de conformité à la gestion quotidienne. Je ne suis pas contre la vertu, mais il ne faut pas non plus sous-estimer le nombre de demandes qui sont soumises aux leaders des organisations. Il y a tant de programmes de conformité (codes d'éthique, normes comptables, égalité et diversité, valeurs d'entreprise et tutti quanti) qu'il est difficile de tous les gérer en même temps. Je propose que la solution se situe aussi au niveau de l’évaluation et du développement de l’intégrité des leaders.
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