Donner ou recevoir un conseil est une interaction sociale complexe. Au-delà de l’enjeu qui est discuté, les deux interlocuteurs ont des perspectives différentes par rapport à cette communication et peuvent réagir aux comportements de l’autre. Blunden, Logg, Brooks, John et Gino de l’Université Harvard ont publié un article dans Organizational Behavior and Human Decision Processes particulièrement intéressant à ce sujet.
Ils ont mené neuf études, la plupart en ligne, où ils faisaient varier la manière dont les participants donnaient ou recevaient des conseils pour mieux comprendre cette interaction sociale. Ils ont trouvé que les donneurs de conseil réagissaient négativement lorsqu’ils apprenaient que la personne qu’ils ont aidée avait cherché conseil auprès d’autres par la suite. Cet effet était particulièrement fort pour les conseillers qui se considéraient experts. Cela s’expliquerait selon eux par les objectifs différents des donneurs et des récepteurs de conseil : ceux qui recherchent un conseil désirent augmenter le nombre de choix qu’ils peuvent considérer, alors que ceux qui en donnent voient plutôt leur rôle comme étant de réduire le nombre d’options disponibles en éliminant les moins bonnes.
Les professionnels en coaching sont souvent généreux de leurs conseils. Je me souviens dans ma formation avoir dû faire beaucoup d’efforts pour apprendre à questionner mon client et le responsabiliser dans la recherche de solutions plutôt que de lui donner des réponses. Cette étude explique bien pourquoi. Quant à ceux qui recherchent des conseils, on peut en comprendre qu’ils ont tout avantage à ménager la sensibilité des personnes qu’ils consultent en n’ébruitant pas trop leurs démarches parallèles.
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