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La testostérone et la corruption

Publié le 11 mai 2015

Presque tous connaissent le fameux mot de Lord Acton : le pouvoir corrompt, et le pouvoir absolu corrompt absolument. Il semble toutefois que son impact ne soit pas le même sur tous - et ne fonctionnerait pas sur vous, bien entendu! Les chercheurs suisses Bendahan, Zehnder, Pralong et Antoinakis ont cherché à mieux comprendre le phénomène. Je trouve d’ailleurs intéressant que cette recherche provienne de Suisse, un pays paradoxal reconnu pour la probité de ses citoyens mais qui est aussi un paradis pour bien des corrompus de la planète en raison de ses pratiques bancaires.

Après une première étude où ils ont démontré que le nombre de choix qui s’offraient aux leaders et le nombre de personnes qu’ils dirigent étaient liés à une augmentation des décisions qui les favorisaient au détriment du bien commun, ils ont voulu mener une seconde étude pour identifier les caractéristiques personnelles qui étaient liées à la corruption. Ils ont soumis des participants à une variante du jeu du dictateur où ils répartissaient des ressources entre eux et des équipiers passifs. Plus le leader était égoïste, et plus le paiement total pour l’ensemble des joueurs était bas. Ils ont répété l’expérience à quelques reprises afin de voir comment l’exercice du pouvoir allait les corrompre avec le temps.

Ils ont trouvé que les participants les plus honnêtes avaient la position la plus pro sociale en début de processus, mais qu’ils étaient tout aussi susceptibles d’être corrompus que les autres. La corruption s’expliquait plutôt par une interaction entre la testostérone et le pouvoir. Les participants qui avaient les taux de testostérone les plus élevés devenaient plus corrompus lorsqu’on les mettait en situation où ils avaient plus de pouvoir. Certaines variables de personnalité, telles que l’extraversion et l’ouverture, seraient aussi associées à une plus grande influence à l’effet corrupteur du pouvoir.

Ces recherches qui font un lien entre la biologie et le management sont de plus en plus fréquentes. Est-ce là le futur de la psychologie du travail?

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