Il existe plusieurs phénomènes sociaux par rapport auxquels on désire amener des changements. Dans le domaine de la sélection, par exemple, les entreprises cherchent à se donner des moyens pour éviter que les interviewers laissent libre court à leurs stéréotypes et désavantagent des groupes minoritaires tels que les femmes ou les membres de minorités culturelles. Plusieurs de ces interventions misent sur la sensibilisation des gens par rapport à leurs stéréotypes. Michelle Duguid et Melissa Thomas-Hunt ont toutefois publié un article dans le Journal of Applied Psychology qui remet sérieusement en question ces approches.
Dans quatre études, ils ont soumis les participants à des descriptions de personnes en lien avec des stéréotypes qui leur sont associés, par exemple que les personnes âgées sont fragiles, traditionnelles et dépendantes. Lorsque les participants recevaient un avertissement qui insistait sur la fréquence élevée de stéréotypes, ils évaluaient la personne d’une manière plus stéréotypée que lorsqu’ils recevaient un message qui disait qu’il existait peu de stéréotypes ou pas de message du tout. Dans une autre étude, lorsqu’on leur a demandé de faire attention au stéréotype selon lequel les femmes manquaient d’assurance lorsqu’elles négocient, leurs partenaires masculins leur ont même mené la vie plus dure lors de la détermination du prix d’une voiture!
Les auteurs expliquent que l’action de prévenir les gens contre les stéréotypes peut en fait créer une nouvelle norme de stéréotype et ainsi en augmenter l’importance. Cela a des applications importantes pour les entreprises, y compris en développement organisationnel. Par exemple, lorsqu’elles disent qu’il faut procéder à des coupures parce que certains processus sont laxistes, ou qu’il faut se montrer plus éthique parce que des gens ont commis des manquements, est-ce que les directions d’entreprises n'envoient pas en fait un message que ces problèmes relèvent de la normalité?
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