On se doute bien que notre poids influence la perception que les autres ont de nous dans le milieu de travail. Judge et Cable (2011) ont étudié ce phénomène avec une rigueur étonnante dans deux études longitudinales qui ont été publiées dans le Journal of Applied Psychology.
Leur première constatation : si la progression salariale des femmes diminue à mesure que leur poids augmente, c’est le contraire pour les hommes, dont l’épaisseur de la taille va de pair avec celle du portefeuille. Leur deuxième : cette relation entre le poids et le salaire n’est pas linéaire. Pour les femmes, le gain salarial pour chaque kilo perdu est beaucoup plus important lorsque leur poids se situe sous la moyenne que lorsque leur poids se situe au-dessus de la moyenne. Quant aux hommes, la relation entre le salaire est aussi plus prononcée lorsqu’ils sont plus minces, si bien que chaque kilo supplémentaire s’accompagne d’un meilleur salaire jusqu’à l’obésité mais que l’augmentation va en diminuant.
Les auteurs présentent leurs résultats d’une manière frappante. Ils affirment par exemple que lorsqu’on les compare à des gens de poids moyen, une femme pesant 25 livres (11,3 kg) de moins devrait s’attendre à gagner 389 300 $ de plus sur une période de 25 ans, alors qu’un homme pesant 25 livres de plus aura en moyenne un gain 210 925$ pour la même période.
Ces données sont intéressantes et inconfortables parce qu’au fond, elles illustrent les préjugés et les stéréotypes qui prévalent dans le milieu de travail et dans la société en général. Les auteurs recommandent aux employeurs de faire des efforts pour diminuer les biais. Mais est-ce vraiment la responsabilité des entreprises, ou n’est-ce pas plutôt le fait de chacun de nous qui y œuvrons?
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