Les experts dans un domaine donné sont souvent perçus comme manquant de flexibilité dans les milieux de travail. Cette polyvalence est par ailleurs une qualité fortement recherchée chez les participants aux programmes de développement du leadership, à qui on fera vivre un vaste nombre de défis pour augmenter leur flexibilité au détriment de leur connaissance d’un domaine technique donné.
Dane (2010) propose une théorie dans Academy of Management Review pour expliquer que le développement de l’expertise se fait au détriment de la flexibilité : le retranchement cognitif. Selon cette théorie, les experts dans un domaine développent une capacité de résoudre plus rapidement des problèmes en se fixant sur les parties qui sont essentielles selon leur expertise, au détriment du point de vue global et d’une vision plus créative. Cette rapidité, utile pour un expert, représente toutefois un frein lorsqu’on se retrouve dans un domaine pour lequel on est moins familier.
L’auteur va encore plus loin en suggérant que le retranchement cognitif empêche l’expert de s’adapter aux changements dans son propre domaine d’expertise parce qu’il demeure attaché à ses façons d’interpréter la réalité. C’est ce qui fait, selon lui, que les experts ont moins tendance à se renouveler et à innover.
Soulagement pour les experts (et les professionnels en gestion du talent), l’auteur propose deux manières d’éviter les conséquences négatives du retranchement cognitif. La première est de travailler dans un environnement dynamique qui confronte l’expert à ses limites à travers des défis, de l’adversité ou de la compétitivité. Le deuxième est de concentrer son attention sur des problématiques qui se situent à l’extérieur du domaine d’expertise. Deux solutions qui ne sont finalement pas si différentes des programmes de développement qu’on propose aux leaders.
Commentaires