Blogue

Flux RSS

Comment mieux combattre la discrimination

Publié le 6 avril 2020

Les études montrent les unes après les autres que les minorités culturelles et les femmes trouvent difficile de faire leur place sur le marché du travail à la hauteur de leur représentation dans la population. Malgré ces faits démontrés, et une société qui affiche des valeurs de solidarité, force est d’admettre que le discours ne passe pas autant qu’il ne le devrait. Ivona Hideg et Anne Wilson de l’Université Laurier à Waterloo en Ontario ont publié une étude dans Organizational Behavior and Human Decision Processes qui offre un début d’explication.

Elles ont mené quatre études où elles ont fait lire à des participants un texte qui fait la promotion d’un programme d’équité en emploi pour les femmes. Lorsque ce programme était justifié par une information historique qui mettait de l’avant la discrimination dont les femmes ont fait l’objet dans le passé, elles ont trouvé que les hommes avaient tendance à nier la problématique actuelle de discrimination davantage que les femmes. Lorsqu’elles offraient un justificatif ne faisant pas référence à la discrimination, par exemple, un désir de promouvoir la diversité, cette différence entre les sexes n’existait pas. Dans leurs deux dernières études, elles ont montré que cela se produisait parce que les messages mettant l’accent sur la discrimination passée étaient menaçants pour l’estime des hommes. Par exemple, lorsqu’elles ont fait lire un texte qui expliquait les gains récents obtenus par les femmes, et mitigeait donc la culpabilité pour les hommes, la différence entre les deux sexes disparaissait.

Cette étude apporte un éclairage sur une question qui tourne dans la tête de ceux qui s’intéressent à la diversité : pourquoi, alors qu’on sait que la discrimination existe, est-il si difficile de faire changer les pratiques? Il est possible que le sentiment de culpabilité crée une polarisation qui rend difficile le dialogue pour faire émerger des solutions. Pour en donner un exemple actuel, je vous invite à aller consulter le compte Twitter de Marie-Claude Lortie de La Presse, qui s’est plainte hier que les leaders du Panier Bleu étaient tous des hommes. Un examen rapide donne l’impression que la réaction des lecteurs était très différente selon leur sexe. Je serais curieux de voir les réactions qu'elle aurait eues si elle avait formulé son message sur un ton moins accusateur.

Commentaires