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Fermer les yeux sur ce qu’on préfère ne pas savoir

Publié le 9 avril 2018

On fait une multitude de choix lorsqu’on est au travail, et bien sûr on commet une multitude d’erreurs. On y rencontre un paquet de gens intelligents qui n’en arrivent pas à la même conclusion que nous, et de là naissent des débats ou des conflits désagréables. Qu’est-ce qui fait que des personnes qui se considèrent rationnelles et qui analysent la même situation en arrivent à des conclusions différentes? Kaitlin Woolley et Jane L. Risen ont publié un article dans Journal of Personality and Social Psychology qui démontre notre tendance à ignorer les informations qui vont à l’encontre des solutions qui nous paraissent intuitivement souhaitables.

La première de leurs cinq études illustre bien le phénomène. Elles ont demandé à des participants de s’imaginer qu’à la fin d’un repas au restaurant, ils devaient décider s’ils voulaient commander un gâteau au chocolat dont elles ont fourni une image appétissante. Avant de prendre une décision, elles leur ont offert d’obtenir de l’information à propos du nombre de calories dans le gâteau. Les deux tiers des participants ont préféré ne pas obtenir d’informations sur le nombre de calorie. En proportion, les gens qui ont demandé de ne pas l’obtenir étaient davantage portés à commander le gâteau que ceux qui voulaient se renseigner. Comme les études suivantes, cette étude montrait que les gens préfèrent ne pas connaître une information qui va à l’encontre de leurs préférences intuitives. Cette tendance à ignorer des informations contradictoires est plus forte lorsque la préférence intuitive est marquée et avant qu’on prenne une décision plutôt qu’après.

On se perçoit généralement comme des gens rationnels qui en arrivent à une conclusion après avoir analysé les informations, mais cette étude montre plutôt le contraire : on choisit souvent l’information que l’on analyse pour soutenir notre conclusion préférée. Cette tendance à choisir l’information qui fait notre affaire joue sans doute un rôle important dans les conflits au travail. On peut penser que si les gens étaient plus attentifs à ce qui est important pour les autres, même lorsque cela va à l’encontre de leurs opinions ou intérêts personnels, la collaboration serait souvent plus facile.

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