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Profiter de la passion des autres

Publié le 11 mai 2020

Plusieurs thèmes reviennent fréquemment dans la couverture de la crise de santé que nous vivons présentement, mais j’aimerais parler aujourd’hui d’un en particulier : les mauvaises conditions de travail des employés du système de santé. On lit plusieurs textes ou articles qui font l’éloge de ceux que le premier ministre du Québec appelle nos anges gardiens. Pourtant, les reportages qu’on lit sur leurs conditions de travail ressemblent souvent à ce cri du cœur lancé par une jeune infirmière. Comment en arrive-t-on à traiter ainsi des personnes dévouées dont on dépend? Kim, Campbell, Shepherd et Kay ont publié un article dans Journal of Personality and Social Psychology qui offre peut-être une partie de la réponse à cette question.

Ils ont mené sept études où ils ont demandé à des participants américains de lire l’histoire d’un travailleur. Certains participants voyaient une phrase supplémentaire qui expliquait comment cette personne était passionnée par rapport à son travail. Puis, on a demandé aux participants jusqu’à quel point ils trouvaient justifié de maltraiter cet employé pour des raisons rationnelles, en lui demandant par exemple de faire des heures supplémentaires non-payées ou de prendre de nouvelles tâches parce que l’entreprise connaissait des difficultés financières. Les chercheurs ont trouvé que les participants trouvaient plus justifié de tirer avantage des employés passionnés que les autres. Ils ont testé plusieurs hypothèses pour expliquer ce constat et ils en ont retenu deux : on pense que les employés passionnés se seraient portés volontaires s’ils en avaient eu l’opportunité, et que pour eux le travail est sa propre récompense.

Dans leur conclusion, les chercheurs ne veulent surtout pas décourager les gens de s’engager vers une profession qui les passionne – au contraire, plusieurs avantages individuels sont associés à faire un travail pour lequel on est passionné. Ils disent plutôt chercher à documenter le processus qui fait qu’on trouve plus acceptable d’exploiter les employés qui sont perçus comme passionnés par leur travail. Si on revient à nos professionnels de la santé, il faut se rappeler que même si leur mission de sauver des vies est noble, ils ont autant le droit que d’autres à de bonnes conditions de travail.

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