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Incivilités en milieu de travail : dénoncer et accepter

Publié le 29 avril 2019

Ma fille m’a fait lire hier un texte qu’elle a écrit dans le cadre de son cours d’ECR sur un enjeu éthique, et elle avait choisi d’explorer la réintégration des agresseurs sexuels sur les campus. Les agresseurs ont bien sûr le droit à la réhabilitation, mais les victimes d’agression ont aussi le droit à un environnement sécuritaire. Comment trouver un équilibre? Ce genre de problématique est fréquent en milieu de travail : quoi faire avec une personne qui a commis des gestes de harcèlement psychologique ou qui a posé des actions qui ont amené son ostracisation par les autres membres de son équipe? Un article publié par Ford, Lam, John et Mauss dans Journal of Personality and Social Psychology m’a fait penser que cet enjeu très moderne, qui ne se posait pas il y a cinquante ans, vient peut-être en partie de notre manière de considérer la problématique.

Les auteurs ont mené trois études : une par des sondages, une en laboratoire, et une où des participants consignaient dans un journal leurs expériences pendant quatorze jours. Dans tous les cas, ils ont trouvé que l’acceptation des expériences mentales désagréables était associée à une meilleure capacité de composer avec les stresseurs et une meilleure santé psychologique. Les participants ne vivaient pas davantage d’émotions positives, mais vivaient moins intensément les émotions qui sont associées aux situations difficiles qu’ils pouvaient rencontrer.

Accepter les pensées et les émotions ne signifie pas accepter les situations, et bien sûr ces résultats ne suggèrent pas que les organisations devraient baisser les bras et demander à leurs employés de se résigner à accepter les situations problématiques en se réfugiant dans la pleine conscience. Mais d’un autre côté, on peut se demander si ces nouveaux problèmes que doivent gérer les directions des ressources humaines ne viennent pas aussi d’une nouvelle attente qui s’est créée selon laquelle les employés ne devraient pas avoir à souffrir certains types de frustrations au travail. C’est une question complexe parce c’est justement les gens qui dénoncent les situations qui font changer les normes sociales, et c’est souvent pour le mieux comme ce que nous avons observé avec le mouvement Me Too. Mais puisqu’il est impossible de créer un environnement de travail parfait, peut-être devrait-on aussi suivre les conseils que nous suggèrent les auteurs de ces articles et enseigner aux gens à mieux accepter les pensées et les émotions désagréables qu’ils ressentent au travail. Cela pourrait aider à contrer l’augmentation des problèmes de santé psychologique au travail ou dans la société en général que nous observons présentement.

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