L’entrevue de sélection est une interaction étrange où les deux parties ont avantage à court terme à se présenter sous leur meilleur jour afin d’obtenir l’assentiment de l’autre. Du côté de l’employeur, on soigne l’expérience candidat et il est tentant de passer sous silence les désavantages du poste afin de susciter l’intérêt de l’interviewé. Du côté de l’employé, qui perçoit souvent la sélection comme un jugement personnel sur ses compétences professionnelles, on cherche à mettre en valeur ses compétences et à trouver des moyens de minimiser ses faiblesses. Serait-ce une meilleure idée pour les candidats de mettre cartes sur table et de se révéler de manière authentique? Moore, Lee, Kim et Cable ont exploré la question et rapporté leurs conclusions dans Journal of Applied Psychology.
Leurs deux premières études ont analysé des données d’entrevue et sont arrivées au même constat. Pour les candidats les plus qualifiés, le fait de se révéler de manière authentique entraînait une augmentation des probabilités de recevoir une offre d’emploi, ce qui montre que les employeurs valorisent une personne qui donne l’heure juste. La relation était toutefois inverse pour les employés les moins qualifiés. Ceux-ci, qui partaient à la base avec moins de chance de recevoir une offre, voyaient cette probabilité se réduire davantage lorsqu’ils mettaient de l’avant des valeurs de transparence et d’authenticité.
Les auteurs concluent que les meilleurs candidats ont donc avantage à se présenter de manière authentique. Pour les moins qualifiés, toutefois, cela dépend de leur objectif. S’ils cherchent à obtenir un emploi, ils ont tout avantage à gérer l’impression qu’ils donnent. Les auteurs croient toutefois que s’ils cherchent un travail qui leur correspond, et où ils pourront se réaliser à long terme, il vaut mieux pour eux se montrer candides et sincères, quitte à vivre plus de refus avant de trouver un environnement où ils seront plus à leur place.
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