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Nos leaders, des hypocrites?

Publié le 15 janvier 2018

Plusieurs personnes qui suivent la politique américaine peuvent avoir une interprétation cynique du comportement du parti républicain, qui avait menacé de mettre leur pays en faillite technique en 2013 au nom de la rectitude fiscale lorsqu’il était dans l’opposition, et qui ont fait adopter un budget fortement déficitaire une fois au pouvoir. On peut penser la même chose des partis politiques canadiens qui promettent de réformer un système électoral injuste en campagne mais qui renient leurs promesses une fois au pouvoir. L’utilisation d’arguments moraux peut être tentant pour un leader parce qu’il est plus facile de rallier les gens en fonction de positions de principe que d’intérêts. Kreps, Laurin et Merritt ont publié dans Journal of Personality and Social Psychology un article qui met en évidence les risques associés à cette stratégie.

Elles ont mené une méta-analyse de quinze études réalisées jusqu’à présent où un leader changeait son opinion après avoir annoncé une position sur la base d’un argument moral. Dans tous les cas les leaders ont été perçus comme hypocrites, et ce même lorsque les observateurs étaient plus en accord avec le nouveau point de vue que l’ancien. Les leaders qui expliquaient les raisons du changement de cap étaient perçus comme plus courageux que ceux qui ne les expliquaient pas, mais non moins hypocrites.

Les auteures concluent qu’il existe un réel danger à ce que des leaders justifient leurs décisions par des arguments moraux. On s’attend à ce que les leaders maintiennent des comportements cohérents avec les valeurs qu’ils ont communiquées dans le temps, ce qui restreint l’adaptabilité aux circonstances. Elles recommandent de ne recourir à ces arguments que lorsqu’il existe une réelle conviction profonde, et non pour rallier les gens afin de mieux profiter d’une opportunité.

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